rencontre avec Nagaoka-san
Avez-vous 5 minutes pour partager un moment avec notre charmant producteur de Wakayama, Nagaoka-san?
Si oui, découvrez dans cette courte interview, sa vision de l'agriculture biologique au Japon, et bien sûr, ce qui fait le piment de sa vie, le budo sansho !
« JE VOULAIS CONSTRUIRE UN MÉTIER ATTRAYANT DANS MA VILLE D'ORIGINE »
Quand le famille Nagaoka est retournée dans la ville d'Aridagawa, ville natale qu'ils avaient quittée en 2004, beaucoup de choses avaient changées, une réalité longtemps ignorée leur sauta aux yeux. « Les jeunes ne voulait plus rester dans la campagne où ils avaient grandi, les montagnes et les forêts étaient délaissées ... C'était difficile trop à regarder. » En revenant, les Nagaoka ont décidés qu'ils voulaient faire tout ce qu'ils pouvaient pour arrêter le dépeuplement de la région. Cependant, impossible de faire revenir les jeunes dans la région sans qu’il n’y ait de travail satisfaisant à leur proposer. C’est là que l’idée de produire du sansho est venue à Nagaoka-san. « Je pensais à ce qui pourrait prospérer dans nos belles montagnes, et le budo sansho (baies de sansho raisin NDT) qui m'était familier dans mon enfance, m'est venu à l'esprit. »
En effet, la ville d'Aridagawa (ancienne ville de Shimizu), au sud de Kyoto, est le lieu de naissance du budo sansho. Produit de luxe, on l'appelle au Japon le «diamant vert» et avec son parfum frais et une forme de gros grain charnu, il est très prisé dans l’archipel. Néanmoins, sa valeur potentielle semblait être complètement oubliée voire ignorée par les agriculteurs de la région. La raison? C’est bien simple, les produits transformés sur le marché de l’époque ne mettaient pas suffisamment en valeur l'attrait du budo sansho. Un arôme d'agrumes rafraîchissant, des couleurs vertes vives et une saveur électrisante unique. Pour Nagaoka-san, ce fut un coup de foudre qu’il voulu partager avec le monde « Je veux offrir ce goût unique directement aux consommateurs. Je suis persuadé qu'ils vont aimer! » Et c’est comma ça que commença la belle aventure de la famille Nagaoka et de leur budo sansho.
« LES POSSIBILITÉS DU BUDO SANSHO SONT INFINIES »
Après son retour dans sa ville natale, Nagaoka-san a commencé à promouvoir le charme du budo sansho. Il vendait des paquets de sansho frais sur un stand devant la gare de son village. Les gens étaient intéressés par la couleur vert vif du sansho, mais personne n’achetait le produit. En discutant avec les locaux, Nagaoka-san compris rapidement pourquoi! « Je ne sais pas du tout comment l’utiliser dans ma cuisine » l’informèrent les passants. En entendant cela, Nagaoka-san commença à produire et vendre du sansho transformé, comme par exemple du sansho miso. Malgré un gout frais et élégant, ces nouveaux produits eurent également du mal à se vendre. Le travail et le temps nécessaires pour confectionner ces petites merveilles gustatives ne correspondaient pas du tout aux bénéfices engendrés. Nagaoka-san, déçu, s’accrocha cependant à sa passion pour sa région et l’envie de lui redonner un second souffle et continua sa production de sansho.
Pendant cette période difficile, Nagaoka-san fit parallèlement une heureuse découverte. « En engageant la conversation, j'ai commencé à vraiment prêter attention à ce que voulaient les consommateurs. » Sa femme, toujours à ses côtés pendant cette aventure, avait elle-aussi compris deux choses essentielles en regardant son mari travailler. Premièrement, que la passion de son mari pour le sansho et sa vie natale était profonde - elle décida donc de quitter son emploi pour travailler avec lui, ce qui donna à notre agriculteur la motivation nécessaire pour poursuivre son rêve. Deuxièmement, que les passants avaient raison! On ne connaissait pas suffisamment les associations délicieuses à faire avec le sansho - elle décida donc de proposer à son mari d’ouvrir un café dans les montagnes pour montrer comment manger du sansho. Après de nombreux tests et essais gustatifs, Nagaoka-san et sa femme découvrirent de délicieuses associations qu’ils n’auraient jamais pu imaginer auparavant. Par exemple, personne ne savait que le sansho associé aux produits laitiers faisaient des merveilles. Le sansho moulu sur un bon fromage ou de la crème glacée, ou alors saupoudré sur des pâtes carbonara, vous transporte en un geste dans un autre univers gastronomique. De leur côté, les clients du café, intrigués, ont d’abord essayés les plats avec hésitation. Surpris et conquis par le goût, tous ont demandé à acheter du sansho à emporter pour l’utiliser à la maison. C'est à cette époque que les Nagaoka se sont à nouveau rendu compte que le budo sansho avait de beaux jours devant lui avec les possibilités infinies qu’il offre pour relever n’importe quel plat.
« JE VEUX CONSTRUIRE UN VILLAGE FIER DE SON BUDO SANSHO »
Dans la ville d'Aridagawa, dont le budo sansho est originaire, les jeunes voulant se construire un avenir dans la région eurent vent du projet de Nagaoka-san. L’un d’entre eux, Yusuke Shinohata, décida de commencer à travailler à la ferme avec les Nagaoka. Ce qui est étonnant avec Shinohata-san, c’est qu’en arrivant, il déclara ne pas aimer du tout le sansho et n'aurait jamais pensé à en saupoudrer ses plats! Comme aurait pu le dire l’expression : il n’y a que ceux qui n’ont pas goûté au sansho qui ne changent pas d’avis, Shinohata-san ne jure maintenant que par le sansho et ne s’imagine pas manger son plat favori sans lui. « La saveur du budo sansho est tellement merveilleuse. Il n'y a rien de mieux que de manger des tempura avec du sansho moulu mélangé à du sel. » Lui aussi, comme Nagaoka-san s’est fixé l’objectif de faire découvrir le budo sansho au monde, et compte bien réaliser son rêve.
Il est le contre exemple d’un phénomène problématique au Japon, à savoir le vieillissement des personnes travaillant dans l'agriculture. Aridagawa ne fait pas exception à la règle et Nagaoka-san et sa femme souhaite de tout cœur qu’à l’instar de ce jeune conquis par la saveur du sansho, d’autres jeunes aient envie de revenir vivre dans les montagnes japonaises. « On a besoin de vous, les jeunes! » ont déclaré Nagaoka-san et son épouse. Cette confiance inébranlable dans la jeunesse et dans sa région, ont attirée de nombreuses personnes en 15 ans d’activités. Il semble bien que Nagaoka-san ait relevé le défi et ait réussi son pari de miser sur le budo sansho. Et pas seulement cela, le plus important peut-être est sa victoire contre le déclin d’une région entière où il a fait naître des espoirs et des rêves pour toute une nouvelle génération d’agriculteur. "Je veux faire de la ville d'Aridagawa le village du sansho où les gens du monde entier viendront se réunir pour découvrir notre diamant vert."
C’est incroyable de penser en voyant les sourires radieux de ces trois-là parlant de leur rêve, qu’il y a seulement quelques années, la production de sansho était sérieusement menacée, faute de consommation par les japonais eux-mêmes. Comme je le disais plus haut, ou presque, il n’y a que ceux qui n’y ont pas goûté, qui peuvent s’en passer! Et vous? Prêt à devenir accro au budo sansho?